FARAFIN SANDOUNO PARLE DU PANAFRICANISME, NÉOCOLONIALISME ET CAPITALISME
Bonjour, vous vous qualifiez comme panafricaniste. Qu’est-ce que le panafricanisme et pourquoi cette lutte?
-Le panafricanisme est une idéologie, je dirais une science, une philosophie qui a pour postulat la transcendance des frontières tracées en Afrique lors de la conférence de Berlin en 1885. Le panafricanisme a pour idéalisme l’unité trans-africaine, culturelle, identitaire et historique. Le panafricanisme vise à créer un bloc unique de civilisation africaine, capable d’imposer sa propre voix, dans le concert des nations contre le cancer oligarchique des nations. Je crois que dans cette époque pernicieuse et menaçante, seule la création d’un bloc réel constitue l’antidote au déracinement généralisé et mondialisé que subissent les peuples. Tout comme l’Amérique latine prêche l’unité à travers le bolivarisme, tout comme le philosophe russe Alexandre Douguine promulgue un bloc eurasien, la Chine est une addition de plusieurs régions, tout comme l’Europe peut s’unir à travers un panéuropeisme des peuples, qui sera un antidote à l’Union européenne, qui est en réalité une union oligarchique de la finance, je pense aussi que le panafricanisme est la seule alternative qui permettra à mon peuple d’émerger et de proliférer. Nous pourrons former un poing qu’en joignant les doigts pour imposer ainsi le respect.
D’accord, vous parlez du cancer oligarchique, que voulez-vous dire par cela?
-Quand je parle de l’oligarchie, je parle d’une classe politique apatride, qui est de toutes les couleurs, de toutes les religions, démophobe, qui subsiste au nom de l’argent. Pour cette classe, le dieu spirituel est mort et a été remplacé par le dieu du Capital. Ceux qui connaissent le travail de cette classe savent que cette dernière, pour mener à bien son projet de babylonisation, autrement dit mondialiste, doit asphyxier les matrices des peuples. Elle doit diaboliser le concept du patriotisme, du familisme, du spiritualisme, du traditionalisme. Elle doit nous priver du droit inaliénable qu’est la souveraineté, ostraciser la classe ouvrière, créer des guerres entre pauvres et les lumpen-prolétariats.
Considérez-vous la mondialisation comme une menace?
-La mondialisation est un processus naturel et positif, qui donne lieu à la libre circulation des communications et, dans ce sens là, les peuples peuvent se connaître. Je suis hostile au mondialisme, qui est la dégénérescence, le paroxysme du concept original qu’est la mondialisation. Le mondialisme néolibéral ne veut pas que les peuples se connaissent. Il vise à déraciner chacun de nous à travers l’omologation généralisée et dérégulée. La mondialisation est le renforcement et l’union des différents peuples du monde, sans gommer les différences, tandis que le mondialisme est la profanation de tout ça pour rendre les masses unipolarisées et dominées face à un nouvel ordre mondialisé.
Vous vous definissez comme étant de droite ou de gauche?
-Je suis un panafricain dissident. À titre personnel, gauche ou droite, les deux sont des dichotomies futiles et stériles qui trompent les plus endormis. Depuis la nuit des temps, c’est le capitalisme qui détient le pouvoir. Il est temps que le naïf le comprenne. Aujourd’hui, nous assistons à un nihilisme idéologique. D’un côté, nous avons une gauche libérale-libertaire soumise au grand capitale démophobe, cette gauche qui a trahi les idées de solidarisme, souverainisme et anti-impérialisme, et d’un côté nous avons une droite libérale et démagogique avec un accent hypocrite et xénophobe. Ça critique les conséquences du capitalisme globale au lieu d’éradiquer la racine des problèmes. Voir l’immigration dite clandestine. Nous devons donc suivre les aspirations du peuple : collectivisme, égalité, souveraineté, anti-capitalisme, les valeurs de la tradition, la famille, le spiritualisme ou la réligion, le patriotisme, le traditionalisme et l’idéntitarisme.
Vous parlez d’immigration, qu’en pensez-vous? Est-ce positif ou négatif pour vous?
-Dans l’histoire il y a toujours eu des migrations. Important de s’en souvenir. Mais c’est l’immigration maritime d’aujourd’hui à être plutôt négative. Pourquoi? Laissez-moi vous expliquer mieux. Cette forme d’immigration maritime n’est que la conséquence hémorragique d’un néo-colonialisme consubstantiel au capitalisme. Le néo-colonialisme dépouille l’Afrique de ses ressources matérielles en empêchant son développement, avec la collaboration des poténtats africains qui contractent avec le système Françafrique, Commonwealth, etc. Le problème réside également dans les autocrates africains qui ont une grande responsabilité, en permettant à des forces exogènes de pénétrer chez nous. Et justement, les prolétaires de chez nous suivent l’émigration de nos ressources tangibles. Je m’oppose systématiquement à cette forme d’immigration qui est une épistaxis pour mon continent d’abord. Mais pour qu’elle cesse, il faudra arrêter l’émigration de matières premières africaines et éradiquer définitivement le néocolonialisme polymorphe, ceux des dirigeants africains et ceux des chancelleries occidentales. Aujourd’hui, 14 pays africains sont contraints d’utiliser une monnaie coloniale, le Franc Cfa, créée en 1945 et encore garantie et imprimée à Paris. Aujourd’hui, la France dispose du droit de veto sur les banques centrales de ses anciennes colonies. Nous n’avons pas notre souveraineté monétaire. Comment un pays peut-il se développer s’il ne peut pas gérer son économie? Celui qui contrôle l’économie détient le pouvoir politique. Nous le savons bien. Mais nos élites politiques dans leur silence, font comme si tout va bien. Mais tout va mal. Tout!
Que pensez-vous de la montée du racisme?
-Paradoxalement, le racisme est, selon moi, un électrochoc qui permettra aux afro-descendants de s’organiser pour se concentrer davantage sur leur continent. Attention! Je ne dis pas que je légitime la dynamique pathétique et puérile des négrophobes, c’est bien de le préciser. Mais je ne prétends pas être aimé par ceux qui me détestent. Je ne prétends pas lutter contre la négrophobie qui est aussi un produit de l’élite capitaliste, mais je préfère lutter pour obtenir l’afrocratie de manière définitive. Lorsque vous parvenez à détenir votre pouvoir souverain, aimé ou non aimé, vous serez respecté. Pendant la révolution maoïste, les chinois ont travaillé. Ils ne mendient pas l’amour, ils imposent le respect, meme si on peut les critiquer. Hier, ils étaient maltraités, ils sont aujourd’hui une puissance mondiale. Lorsque les ostracisés, les damnés de la terre prolétarisés, les précarisés de l’oligarchie s’uniront pour constituer leur pouvoir souverain, le système d’oppression n’aura plus aucune raison d’exister.
Quels sont les personnages ou penseurs qui vous ont influencé?
-Parmi les personnagesafricains qui m’ont le plus influencé, je citerai Thomas Sankara, Lumumba, Sékou Touré, Cheikh Anta Diop, Marcus Garvey, Malcolm X et Kemi Seba. J’ai été frappé par le pérennialisme, ou traditionalisme integrale de René Guénon et certains de ses disciples, et je vois de bon oeil les non alignées qui résistent héroïquement à l’impérialisme. Mais je n’idealise personne.
Quel est vôtre dernier message?
–Je dis que peu importe l’ethnie à laquelle vous appartenez, votre nationalité ou réligion n’a pas d’importance, que vous soyez chrétiens, musulmans, kémites, rastas, hindous ou traditionalistes, noirs ou blancs, l’ennemi est le même. Et il a la couleur verte. Nous devons nous organiser paisiblement pour le bien de l’humanité.