La Russie et l'importance du corridor de transport international Nord-Sud

22.08.2024

La Russie et ses habitants sont bénis par la providence ; l'immensité du paysage et l'abondance de toutes sortes de ressources naturelles sont aujourd'hui et ont toujours été une source de puissance et de prestige pour la Russie. L'histoire révèle que l'immensité du paysage ne fournit pas seulement des ressources, mais qu'elle constitue également une grande source de défense naturelle de la Russie contre les agresseurs. Toutefois, outre ces bienfaits naturels, les voisins belliqueux de la Russie ont toujours essayé de contenir l'ascension de la Russie vers le progrès et la prospérité.

La Russie et son voisinage

À l'heure actuelle, les voisins de la Russie s'efforcent de contenir les échanges commerciaux de Moscou et sa connectivité avec le Sud. Si nous regardons la carte, nous constaterons que l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) empiète constamment sur les frontières de la Russie. Saint-Pétersbourg n'est qu'à quelques kilomètres de l'OTAN. La mer Baltique est envahie par la présence navale et aérienne de l'OTAN et de ses Alliés. Les systèmes de surveillance de l'OTAN suivent de très près les navires militaires et civils russes dans la mer Baltique, et les avions des systèmes aéroportés de détection et de contrôle (AWACS) brouillent les communications civiles de la Russie. En outre, la mer du Nord est à nouveau un point névralgique des forces alliées et de l'OTAN désireuses d'entraver le commerce maritime de la Russie. Les forces alliées et de l'OTAN créent constamment des problèmes pour les navires russes et violent les normes et valeurs internationales établies.

De même, les forces alliées et de l'OTAN créent des problèmes pour le commerce maritime russe en mer Celtique. Il convient de rappeler ici que les forces de l'OTAN et des Alliés ont une présence formidable en mer Méditerranée, en mer Rouge et en mer d'Arabie.

La présence des Alliés et de l'OTAN en mer Baltique, en mer du Nord, en mer Celtique, en mer Méditerranée, en mer Rouge et en mer d'Arabie revêt une grande importance stratégique. Ces masses d'eau contiennent des routes commerciales internationales très importantes et, aux yeux du droit international et de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS), ces eaux sont le patrimoine collectif et partagé de tous les êtres humains, sans aucune discrimination.

Corridor de transport international nord-sud

En violant de manière aussi flagrante le droit international et la convention des Nations unies sur le droit de la mer, l'OTAN fait en sorte que la Russie est devenue pleinement consciente de la nécessité de protéger ses intérêts nationaux et de contourner les défis posés par les forces alliées et les forces de l'Alliance atlantique. Le corridor international de transport nord-sud (INSTC) est une alternative possible pour éviter la confrontation et la belligérance avec l'Occident. L'INSTC part de Moscou, atteint Volgograd et, de là, emprunte deux itinéraires. La première passe par la mer Caspienne et la seconde par la voie terrestre, d'Astrakhan à Bakou, en Azerbaïdjan. De là, il a l'intention d'entrer en Iran et de relier Bandar Abbas et le port de Chabahar. L'itinéraire vise ensuite à relier ces deux ports maritimes au port maritime indien de Mumbai.

L'INSTC a été initialement signé entre la Russie, l'Iran et l'Inde en 2001 pour développer la route. L'objectif était d'acheminer des marchandises entre la Russie, le Caucase, l'Asie centrale, l'Europe et l'Asie du Sud par bateau, par chemin de fer et par voie terrestre. Le projet INSTC comprend l'Azerbaïdjan, l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, Oman, le Tadjikistan, la Turquie et l'Ukraine.

L'INSTC et le CPEC

Le corridor international de transport Nord-Sud (INSTC) réduit de moitié la distance qui sépare les pays du Sud de la planète et les délais d'expédition seront ramenés à 15 jours, contre 45 auparavant. Le charbon russe pourrait ainsi atteindre l'Inde et, ce faisant, l'Iran pourrait gagner des milliards de dollars en frais de transit et d'expédition. En outre, le charbon russe et d'autres hydrocarbures pourraient également être transportés vers la Chine en utilisant les mêmes lignes maritimes. Si le Pakistan parvenait à un accord avec les Iraniens, les produits russes pourraient atteindre la Chine en empruntant le corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) ; cependant, apparemment, aucune discussion de ce type n'a eu lieu entre le Pakistan, la Chine et l'Iran. Les sanctions occidentales à l'encontre de l'Iran pourraient peut-être entraver l'accord susmentionné. Quoi qu'il en soit, avec ou sans CPEC, les industries ferroviaires et maritimes iraniennes pourraient bénéficier momentanément de l'INSTC.

Conclusions

En d'autres termes, l'INSTC est une option en or pour le Sud mondial afin d'améliorer la connectivité régionale et même extrarégionale. L'OTAN et les forces alliées doivent comprendre que la Russie est une grande puissance et qu'elle a tout à fait le droit de préserver ses intérêts nationaux. L'entrave et l'endiguement de la Russie ne fonctionneront pas. Le Sud mondial assoiffé d'énergie a besoin des ressources naturelles russes, et l'INSTC est l'occasion idéale de nourrir le Sud mondial.

La Russie crée d'autres options stratégiques pour toutes les nations du monde et, avec ses partenaires mondiaux, ce rêve pourrait devenir réalité. L'INSTC est une grande initiative stratégique qui a le potentiel de changer la vie des pays du Sud. De telles initiatives devraient être appréciées et adoptées pour le plus grand bien de toutes les nations.

Simon Westwood - est étudiant en master à la Dublin City University (DCU), Irlande. Il est également assistant de recherche au département d'histoire de la DCU, exclusivement pour « New Eastern Outlook »

Source

Traduction par Robert Steuckers