Merkel fragilisée après le succès électoral du parti populiste AfD
Alternative pour l’Allemagne a enregistré des records aux élections régionales dans trois Länder dimanche. La CDU conservatrice semble pâtir de la politique d’asile de la chancelière qui a ouvert les bras aux réfugiés.
Angela Merkel a subi un revers historique, dimanche, avec le succès meilleur que prévu à des élections régionales test du parti AfD s’opposant à sa politique d’asile.
Alternative pour l’Allemagne s’est imposée dans les trois Länder appelés aux urnes, affichant des résultats de 11 % à 23 % tandis que l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière a essuyé de lourdes pertes, selon les premiers sondages à la sortie des urnes de la chaine deARD.
Le scrutin régional auquel ont participé près de 13 millions d’électeurs n’a pas d’impact direct sur la majorité du gouvernement fédéral mais risque de fragiliser Angela Merkel , critiquée pour avoir ouvert les bras à plus d’un million de réfugiés venus en Allemagne l’année dernière.
A quatre jours d’un conseil européen clef
Ce revers intervient quatre jours avant un conseil européen clef, durant lequel elle veut convaincre ses partenaires de sceller un pacte controversé avec la Turquie pour « réduire sensiblement » l’afflux de demandeurs d’asile sans tourner le dos à ses valeurs humanistes.
Avec 12,5 % dans le Bade-Wurtemberg, une des régions les plus peuplées d’Allemagne, 11 % en Rhénanie-Palatinat et plus de 23 % en Saxe-Anhalt, l’AfD a dépassé les sondages et enregistré le meilleur score jamais obtenu par un parti d’extrême droite à un scrutin régional depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. Il s’ancre de plus en plus dans le paysage politique allemand.
Défaite historique de la CDU
Dans le même temps, la CDU accuse une défaite historique. Encore crédité de 40 % cet été dans le Bade-Wurtemberg, qu’elle a gouverné pendant 48 ans jusqu’en 2011, le parti d’Angela Merkel a enregistré un résultat de 27,5 %. Les Verts auraient obtenu 32 % des voix et devraient rester à la tête du gouvernement. Ils pourraient s’allier soit avec le Parti social-démocrate (SPD), soit avec la CDU comme partenaire junior ce qui constituerait un tournant dans ce bastion conservateur.
En Rhénanie-Palatinat, où elle dépassait 41 % d’intentions de vote, la candidate CDU Julia Klöckner, considérée comme un espoir du parti, a dû s’incliner devant sa rivale sociale-démocrate, la ministre-présidente sortante Malu Dreyer, qui semble avoir gagné au finish avec plus de 37 % des voix.
AfD : son plus gros score dans la Saxe-Anhalt
L’AfD a affiché son plus gros score dans la Saxe-Anhalt, dans l’Est de l’Allemagne, avec 23 % des voix. Le parti populiste qui milite pour la fermeture des frontières, la sortie de l’euro et la fin des sanctions vis-à-vis de la Russie double ainsi son score par rapport à celui d’environ 10 % affiché en août 2014 dans la Saxe, la Thuringe et le Brandebourg. Dans ces régions de l’Est, il profite notamment d’un sentiment d’insécurité alors que le chômage y atteint environ 10 %, soit le double du niveau de l’Ouest.
Allemagne : le rejet du système, moteur de l’AfD
Avec 29 % des voix, la CDU va tenter de conserver la présidence de la Saxe-Anhalt avec son partenaire social-démocrate. Mais les deux partis, qui gouvernent ensemble depuis 2011 pourraient ne pas avoir assez de sièges au Parlement régional pour constituer une majorité et pourraient avoir besoin d’un troisième partenaire (les Verts ou les libéraux du FDP).
Si le résultat de ces élections est un échec pour Angela Merkel, c’est une victoire douce-amère pour Sigmar Gabriel, le président du SPD et vice-chancelier. Son parti a certes réussi à conserver le leadership en Rhénanie-Palatinat, ce qui est une surprise, mais il s’effondre à 13 % dans le Bade-Wurtemberg et devient la quatrième force politique en Saxe-Anhalt, avec environ 11,5 % des voix - la moitié de la AfD et moins que la gauche radicale Die Linke.