RETOUR À LA TERRE EN AFRIQUE : UNE MISSION IMPÉRATIVE POUR LA CONSTRUCTION DE L’EMPIRE AFRICAIN
Très souvent, parmi certaines forces politiques des pays occidentaux, on entend parler de la nécessité de rémigration du Peuple Africain en Afrique.
LA REMIGRATION COMME DISCOURS DEFENDU PAR L'EXTRÊME DROITE, L'ASSIMILATIONNISME COMME DISCOURS DEFENDU PAR LA GAUCHE MONDIALISTE
Le terme utilisé par les forces politiques d’extrême droite est « remigration ». Pour eux, il est nécessaire que tous les Africains retournent en Afrique et cessent d’alimenter une soi-disant « invasion ». Du point de vue afrocentrique, l'Europe n'est pas en mesure de critiquer une prétendue invasion de l'Afrique, ou un soi-disant remplacement raciale, puisque les premiers grands envahisseurs au sens belliqueux et prédateur furent les oligarques européens à travers une pseudo-mission civilisatrice en Afrique, dans les Amériques, en Océanie, en Asie. C'est cette oligarchie apatride et europide qui a réalisé le premier grand remplacement raciale dans les territoires des Mélanodermes, accompagnée d'une guerre millénaire négrocide et mélanocide.
L'Afrique est la matrice de la Civilisation et de tous les Continents, comme le démontrent amplement des auteurs Noirs tels que Chancellor Williams, Runoko Rashidi, Cheikh Anta Diop, Asa Grant Hiliard III, Clyde Winters, Yosef Ben Jochannan, John Henrik Clarke, Martin Robinson Delany, Ivan Van Sertima, Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, Jean Charles Coovi Gomez, Amos Nelson Wilson, James Small, Khalid Abdul Muhammad, Nioussere Kalala Omotunde, et bien d’autres. Nous n'avons pas été étrangers à la Civilisation, bien au contraire ce sont les autres Peuples qui ont été initiés à la grandeur possédée par le Peuple Originel, l'Africain Noir.
Pour revenir au concept de remigration, les oligarques occidentaux et certaines forces politiques d’extrême droite devraient se rappeler que s’il doit y avoir une remigration pour certains (les Noirs et les Mélanodermes en général), il doit y avoir une remigration pour tous (les descendants des colons et des propriétaires d’esclavagisés installés partout). Bien que l’assimilationnisme (proposé par une gauche néolibérale, mondialiste et anti-identitaire aux antipodes de l’autodétermination des Noirs) dans les sociétés occidentales ne soit pas la solution pour les Africains et les Afro-descendants, car il dilue notre Identité Noire et nous éloigne de notre paradigme civilisationnel , nous devons être vigilants face aux discours émanant aussi bien de la droite/extrême droite que de la gauche/extrême gauche. Les Afro-descendants et les Africains doivent s’organiser, selon leurs propres discours et besoins.
RETOUR À LA TERRE
Bien avant que certaines forces politiques occidentales ne commencent à parler de « remigration », le monde Noir comptait plusieurs théoriciens, activistes et défenseurs Noirs du retour à la terre : Martin Robinson Delany (1812-1885), Edward Wilmot Blyden (1832- 1912), Benito Sylvain (1868-1915), Marcus Mosiah Garvey (1887-1940), Stokely Carmichael Kwame Ture (1941-1998), Khalid Abdul Muhammad (1948-2001). L’idée qui unissait ces derniers était qu’il ne pouvait y avoir de salut dans le monde capitaliste occidental : s’orienter culturellement, mentalement et physiquement vers l’Afrique était une nécessité.
MARTIN DELANY : L’AFRIQUE POUR LES AFRICAINS, AVEC DES HOMMES NOIRS POUR LA DIRIGER
« Notre politique doit être l’Afrique à la Race Africaine, avec des Hommes Noirs pour la diriger ! » -Martin Robinson Delany
Martin Robinson Delany (1812-1885) fut l’un des précurseurs du Panafricanisme. Homme Noir Afro-Américain (d’origine Mandingue, ses Ancêtres étaient Chefs Royaux), abolitionniste, antiesclavagiste, précurseur du Nationalisme Noir, théoricien du retour des Afro-descendants en Afrique et d’une Patrie pour les Afro-descendants. On lui doit la devise « Afrique aux Africains ! » repris par de nombreux mouvements panafricanistes jusqu’à aujourd’hui. Médecin, militaire, écrivain, journaliste, Delany visite l’Afrique de 1859 à 1861 : il se rend au Libéria et au Nigéria où il signe des traités avec les Souverains locaux pour permettre l’installation des Afro-descendants. De retour en Amérique, après la guerre civile et l’avancée coloniale en Afrique, son projet du Grand Retour à la Terre ne se concrétise pas. Delany a écrit sur l’Égypte ancienne et l’Éthiopie ancienne, expliquant qu’elles représentent le berceau de la Civilisation, de la Science et de la Religion. Marcus Garvey s’en est inspiré des années plus tard, ainsi que tous les successeurs de l’école nationaliste noire. Aujourd’hui, au XXIe siècle, les idées de Delany sont intéressantes à l’ère du Mondialisme, pour un enracinement nécessaire à la Terre, selon un baromètre afrocentré.
MARCUS GARVEY : UN EMPIRE POUR LES NÈGRES DU MONDE
« Il est possible que nous n’aurons pas tous l’occasion de voir se réaliser un Empire Africain si fort, si puissant qu’il imposerait le respect de l’humanité. Mais nous pouvons encore, de notre vivant, travailler et nous engager à faire de ce projet une réalité pour une autre génération. » - Marcus Mosiah Garvey
Marcus Mosiah Garvey (1887-1940) fut un leader très influent dans le monde Noir de la première moitié du XXe siècle. Né à Saint Ann’s Bay, en Jamaïque, Garvey a beaucoup voyagé à travers le monde ; Après avoir déménagé aux États-Unis, il fonde en 1914 l’Universal Negro Improvement Association (UNIA). L’UNIA était l’organisation nationaliste noire et panafricaine la plus puissante et la plus influente de l’histoire qui tournait autour de l’idée du Grand Retour en Afrique, de l’autodétermination et de la décolonisation totale du continent. Grand prédicateur du retour en Afrique de tous les Afro-descendants, Garvey affirmait que chaque Peuple avait sa propre Identité et que son objectif était de rester ferme dans ses racines. Dans les années 1920, il fut le premier à parler de l’idéal panafricain et à imaginer la naissance des États-Unis d’Afrique (dans le sens impérial) : Garvey, en effet, avait compris que seul un grand bloc panafricain uni pourrait résister au colonialisme exogène et gagner le respect dans le concert des Nations. Pour y parvenir, Garvey réussit – par l’intermédiaire de la compagnie de transport maritime qu’il possédait, la Black Star Line – à transporter de nombreux Afro-descendants au Libéria de 1919 à 1922. Le projet ne dura pas longtemps, car les colons en Afrique et le gouvernement américain l’ont bloqué, comme cela s’est produit avec Delany. De plus, Garvey il a tellement insisté sur le nationalisme panafricain au point de devenir une menace pour les intérêts du gouvernement américain au Libéria, qui a décidé de le déporter en Jamaïque et de l’empêcher de continuer son travail. Cependant, ses idées ne sont pas mortes, car elles ont été l’essence du cinquième congrès panafricain de 1945, qui a vu la participation des futurs « nouveaux dirigeants » des nations africaines, dont Kwame Nkrumah, Ahmed Sékou Touré et Jomo Kenyatta, des Hommes qui ont dirigé le Ghana, la Guinée et le Kenya en tant que Présidents.
RETOUR À LA TERRE ET RÉVOLUTION MÉLANOCENTRIQUE GLOBALE AU 21E SIÈCLE : IL FAUT CONSTRUIRE L’EMPIRE AFRICAIN !
Les Afrodescendants et les Africains doivent s’inspirer des théories Noires du passé proposées par Delany, Garvey et d’autres. La différence entre le concept de « Retour à la Terre » (Panafricanisme) et de « Remigration » (Voix en Occident), c’est que le premier prône le retour dans une perspective d’autodétermination, de construction, de préservation de l’Identité Noire après des siècles de Maafa (Holocauste Noir), tandis que les deuxièmes sont enfermés dans des discours de pseudo « pureté raciale » et de pseudo-supériorité, tout en étant soumis à l’oligarchie néolibérale apatride qu’ils n’osent jamais attaquer. Voici la différence de taille ! Paradoxalement, les mêmes personnes qui soutiennent la remigration (au sens occidental du terme) sont les mêmes qui mettront des bâtons dans les roues à ceux qui soutiennent un retour massif à la Terre (comme ils l’ont fait avec Delany, Garvey, …), parce qu’ils ont besoin de main d’œuvre Noire contrôlée pour galvaniser le Capital. En bref, leur discours est « moins de migrants ! Ils sont nécessaires, mais plus contrôlées ! ». Et la gauche mondialiste néolibérale, à son tour, ne comprenant pas les problèmes, dupe les Noirs. En fin de compte, comme Chancellor Williams l’a soutenu dans son livre « Destruction of Black Civilization » (1971), tous ces courants politiques mènent à une seule volonté : la domination occidentale sur les Africains.
Je pense que pour les Africains et les Afro-descendants vivant en Occident, il y a deux options :
• Communautarisme Noir : Pour ceux qui ne peuvent pas rentrer, il est nécessaire de s’organiser en communautés endosolidaires (sous le concept de Nationalisme Noir Révolutionnaire et du Benda -solidarité-) dans la Diaspora, pratiquant le Pouvoir Noir (sur les traces d’Elijah Muhammad, Kwame Ture , Amos Nelson Wilson , Khalid Abdul Muhammad), créer un système économique puissant qui permettra à la diaspora Noire globale et à l’Afrique d’en bénéficier
• Retour à la Terre pour préparer l’avènement de l’Empire Africain : Il faut former une élite Noire puissante idéologiquement, mentalement, culturellement, spirituellement pour recomposer le Peuple Noir à l’image du Netjer (Ancêtre Primordial) Wauzar, recomposé par la Netjer Aseta. Nous parlerons donc d’unité et d’immunité : union interne entre l’Afrique et le Monde Noir (Narmer qui a unifié les Deux Terres) et protection/militia (Kilombo l’armée royale) contre les attaques internes et externes.
Mais attention ! Tous les Noirs ne peuvent pas retourner en Afrique : Le retour en Afrique est confronté face à des défis et surtout il nécessite d’une large élite Noire dévouée à l’Afrique pour préparer l’avènement de l’Empire Africain autour de ce que j’appelle la « Révolution Mélanocentrique Globale » (à l’image des Empires Africains du passé). Tous les Noirs ne sont pas sauvables ! L’Afrique, en revanche, a besoin d’un nouveau cercle, même s’il est minoritaire (à l’image des grandes Révolutions mondiales menées par la minorité). Garvey lui-même en était conscient et déclarait « Je n’ai aucune envie de ramener tous les Noirs en Afrique. Il y en a qui ne sont d’aucune utilité ici et ne seront d’aucune utilité là-bas. »
En conclusion, il est temps pour les Africains et les Afro-descendants d’arrêter de laisser les autres parler à leur place ! Il faut qu’ils s’organisent eux-mêmes et pour eux-mêmes !
L’Empire reviendra !
Fara-Fin Sâa François Sandouno, Homme Africain né en Italie originaire de Guinée, penseur panafricaniste et afrocentrique, conférencier géopolitique, rédacteur.